Comment vous adaptez-vous dans votre contexte professionnel ? Quelle posture prenez-vous naturellement dans un échange ?
Qu’on le veuille ou non, les relations interpersonnelles impactent largement notre vie professionnelle. Cela peut être lorsqu’on échange avec ses collègues, un directeur ou son équipe mais aussi avec des clients, des partenaires.
Dans cet article, je reviens sur les différentes postures que l’on peut adopter dans son environnement de travail. Ces postures sont parfois volontaires, mais il arrive aussi qu’elles nous échappent, que l’échange perde alors de sa fluidité, voire que cela dégénère en conflit…
Types d’interaction et positions de l’approche systémique
Tout d’abord je vous propose quelques éléments de définition issus de l’approche systémique pour situer les choses.
La communication interpersonnelle repose sur les interactions, c'est-à-dire sur les échanges de messages entre personnes. A cette première définition, s’ajoutent la notion de position que l’on perçoit assez naturellement sans réellement savoir ce qui se joue derrière. Interaction et position se traduisent au travers des comportements des interlocuteurs sans même que ceux-ci en aient toujours conscience.
Les types d’interaction
Il n’existe que deux types d’interaction possibles, soit l’interaction est symétrique, soit elle est complémentaire.
Une interaction est symétrique quand elle est fondée sur l’égalité. C’est une relation dans laquelle les interlocuteurs utilisent des comportements en miroir.
C’est par exemple un échange entre deux experts dans des domaines différents qui se concertent pour coopérer et mettre en place une solution globale ; chacun a l’expertise de son domaine et s’appuie sur les compétences de son interlocuteur sur ce qui sort de son domaine. C’est également le cas d’un échange entre pairs qui partagent sur leurs pratiques respectives. C’est encore un brainstorming entre plusieurs collaborateurs qui proposent des idées sur la manière d’aborder un nouveau projet.
Une interaction est complémentaire quand elle est fondée sur la différence, dans ce cas les interlocuteurs optent pour des comportements complémentaires.
C’est par exemple, la relation d’un expert qui propose sa solution à un futur client, d’un collaborateur qui fait un transfert de compétences à un nouvel arrivant, et aussi celle d’un manager dans son rôle de responsable avec les membres de son équipe.
Les positions
A cela vient se greffer la notion de position, ce qu’on appelle « position haute » et « position basse ». Cette notion est assez proche du type d’interaction mais est toutefois différente. Elle le complète en apportant des nuances.
La position haute est celle de la personne qui a le savoir, qui est plus puissante.
C'est la position de la personne qui montre, qui parle, qui donne des ordres et qui exerce le pouvoir.
Forcément, le premier exemple qui vient correspond à un poste de direction, pourtant il arrive fréquemment qu’entre deux personnes, l’une prenne l’ascendant sur l’autre sans qu’aucune notion de hiérarchie n’intervienne dans la relation.
À l'inverse, la position basse est celle de la personne qui ne sait pas, qui questionne, qui écoute.
Quel que soit le domaine, c’est en quelque sorte la position du néophyte devant l’expert.
Quand tout cela interfère…
Pour faire le lien entre type d’interaction et position, on peut retenir que :
la relation complémentaire se définit par une position haute et une position basse alors que la relation symétrique se définit par deux positions au même niveau.
Une fois ces définitions posées, il apparaît que la combinaison entre le type d’interaction et les positions peut conduire à des situations relationnelles saines et fluides, mais cela peut également mener à des situations plus délicates.
Autrement dit, si chacun occupe la posture adaptée à la situation, l‘échange pourra être constructif et permettre une coopération efficace. Cependant, chacune de ces interactions peut également conduire à des dysfonctionnements.
Dans une interaction symétrique, l’échange peut tourner à la confrontation quand les interlocuteurs occupent tous les deux une position haute et que chacun cherche à prendre l’ascendant sur l’autre. De la même façon, lorsque les interlocuteurs occupent tous les deux une position basse, et que chacun cherche à donner à l’autre la position haute, cela peut conduire à un désengagement de part et d’autre qui dessert la relation.
Dans le cas d’une interaction complémentaire, quand les interlocuteurs occupent pour l’un une position haute et pour l’autre une position basse, Il peut y avoir un « éloignement complémentaire » quand chacun accentue sa position, l’un vers le haut, l’autre vers le bas. C’est l’incompréhension, ni l’un ni l’autre ne cherche à s’adapter à la situation. Dans ce cas, chacun reste dans sa posture et l’échange reste stérile et ne permet pas d’avancer.
Illustration qui parlera à certain…
Pensez à ces échanges avec telle ou telle personne de votre entourage où vous vous dites « Avec lui (elle), c’est toujours la même chose… ».
- Peut-être que cette « même chose », c’est que à chaque fois, le ton monte, et si vous réfléchissez en termes de positions, il est fort probable que vous teniez tous les deux une position haute, et que vous partiez en escalade chacun de votre côté.
- Peut-être que cette même chose est plutôt l’inverse, que chacun essaie de faire parler l’autre et que personne n’a envie de s’exposer, dans ce cas , c’est sûr l’échange reste assez frustrant…
- Enfin, peut-être aussi que votre interlocuteur expose sa connaissance du sujet, et vous, vous entendez sans véritablement écouter… ou l’inverse. C’est le dialogue de sourd, vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde !
Je vous laisse trouver vos propres illustrations dans votre contexte professionnel ou personnel…
Des positions parfois trompeuses…
Et puis, ces positions peuvent être trompeuses car la personne en position haute s’expose alors que la personne en position basse ne prend pas de risque. La position haute semble être une position de force alors qu’en fait, c’est la position qui donne accès à une part de vulnérabilité. Tandis que la position basse semble plus fragile mais en fait sa force réside dans le fait que dans cette position la personne ne se livre pas.
Force et fragilité, pouvoir et vulnérabilité, ces notions interviennent dans toutes nos relations consciemment ou non, à des niveaux d’intensité variables. Comme elles sont constitutives de nos relations, il est intéressant de savoir les reconnaître, et d’ajuster le curseur pour pouvoir maintenir la qualité de la relation vers l’objectif que l’on souhaite atteindre. Au travers de cette adaptation, il ne s’agit pas de fausser l’échange mais plutôt d’accorder sa posture selon l’objectif attendu de l’échange pour que celui-ci reste constructif.
Posture et connaissance de soi
Avant de pouvoir décrypter la posture de notre interlocuteur, il est intéressant de décoder nos propres comportements pour mettre à jour les positions non conscientes que l’on adopte malgré nous.
Souvent on a une position privilégiée. Selon sa personnalité, on aura plutôt tendance à s’exposer ou à se mettre en retrait, à être dans la démonstration de son savoir ou dans l’écoute du savoir de l’autre. Evidemment, cette posture de préférence est adaptée dans certain cas et nous dessert dans d’autre. Néanmoins, elle reste une préférence et peut évidemment être ajustée à la situation.
De la même façon, une personne qui développe le syndrome d’imposture, qui ne se sent pas légitime pour occuper un poste, peut croire qu’elle se met en position haute alors que le doute, et le manque de confiance en elle-même, peuvent inconsciemment lui faire prendre une position basse inappropriée à la situation.
Ou encore quelqu’un de peu sûr de lui peut naturellement adopter une position basse qui sera très rassurante pour son interlocuteur. Son manque de confiance en lui l’empêche de réaliser que justement son talent est peut-être son écoute.
A l’inverse, quelqu’un de très sûr de lui peut prendre la position haute, et être un très bon leader… mais s’il ne sait pas se mettre en position basse pour écouter les membres de son équipe ou juste se mettre en complémentarité pour travailler de manière à coopérer et pouvoir ainsi confronter les points de vue, il risque fort d’avoir du mal à obtenir l’adhésion de son équipe.
Dans ces situations qui ne sont que quelques exemples, c’est bien la connaissance de soi, de ses comportements qui permet de prendre conscience de sa posture dans la relation pour pouvoir s’adapter à son interlocuteur selon le contexte et l’enjeu.
Le développement relationnel pour améliorer la qualité de ses relations
Quand les relations professionnelles sont délicates, il reste bien souvent des possibilités à explorer pour leur redonner une expression plus fluide et sereine. Alors, si vous pensez que les difficultés rencontrées dans votre cadre professionnel ne sont pas uniquement imputables à vos collègues, certes pas toujours coopératifs(-ves), vous pouvez agir pour améliorer votre environnement de travail en en apprenant plus sur vous-même.
Avec le développement relationnel vous allez améliorer la qualité de vos relations en accédant à une meilleure connaissance de vous-même. Celle-ci peut être approfondie suivant 3 axes complémentaires. Le premier axe vise à renforcer sa communication et gagner en assurance. Le deuxième axe a pour objectif de savoir changer de perspectives pour pouvoir adapter sa posture au contexte. Et enfin, le 3ème axe permet d’approfondir la connaissance de soi pour retrouver sa propre cohérence et redéfinir son équilibre professionnel et personnel.
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Elisabeth Passilly,
Accompagnatrice du changement – Coaching professionnel et formation