Quand notre activité professionnelle nous ennuie ou au contraire nous mets sous pression en permanence, on en arrive à douter de soi, de ses propres compétences, de sa motivation…On en finit parfois par se demander ce que l’on sait faire !
Alors on le sent bien, la confiance en soi est émoussée, quant à l’estime de soi, on préfère ne pas se poser la question !

Et pour cause, comment s’y retrouver dans tous ces bons conseils qui nous expliquent qu’il faut être positif, qu’il faut oser, qu’il faut lâcher prise, qu’il faut accepter, qu’il faut se reconnecter à la nature, qu’il faut être soi-même…Oui, mais encore ?

L’estime de soi est un sujet largement abordé, mais bien souvent sans véritablement préciser ce que l’on entend par là. Cela entraîne des confusions entre estime de soi et confiance en soi. Ou alors, on veut avoir une meilleure estime de soi sans véritablement savoir qui on est…

 

Dans cet article, je reviens sur certains points qui vont, je l’espère, vous éclairer.

 

Connaissance de soi et estime de soi

 

Premières définitions

La connaissance de soi permet d’avoir une image juste de soi. L’estime de soi correspond à la façon dont je me sens par rapport à cette image.
Autrement dit, on ne peut accéder à une bonne estime de soi que lorsqu’on sait qui on est. Cela suppose d’avoir identifié ses propres compétences certes, mais aussi ce qui nous structure, ce qui nous motive.
On peut alors se sentir en accord avec soi-même, « aligné » en s’appuyant sur une image juste de soi. Il s’agit alors de s’accepter tel que l’on est, d’avoir conscience de ses forces et de ses faiblesses, mais aussi et surtout d’y accorder une certaine valeur.

 

Peu de personnes ont une image juste d'elles-mêmes

...Même si parfois, elles le croient.
Certaines personnes peuvent avoir une « fausse » haute estime de soi en se surévaluant. Par exemple, elles se croient plus pédagogues qu’elles ne sont et sont fières de leur pédagogie… Pourtant, leurs interlocuteurs n’arrivent pas à cerner où elles veulent en venir, ça arrive assez fréquemment. D’autres personnes n’ont pas conscience de leur potentiel et se rabaissent sans arrêt. Elles se sous-estiment et ont une basse " estime de soi".
Et puis parfois, on se compare aux autres, on a une mauvaise estime de soi car on se base sur les qualités des autres pour évaluer sa propre estime de soi, ce qui bien sûr ne peut que nous rabaisser puisqu’on se trompe de sujet.
Dans ces différents cas, l’estime de soi est mauvaise car les personnes n’ont pas connaissance d’elle-même. Avoir une image juste de soi, ça n'est pas inné, ça se travaille...

Je propose de reprendre le sujet plus en détail en introduisant des notions complémentaires qui m’avaient bien éclairée quand moi-même j’ai entrepris un travail introspectif…

 

Les éléments de la connaissance de soi

Jusqu’à présent, j’ai évoqué la connaissance de soi au sens large. Il est intéressant toutefois de préciser un peu les choses en distinguant différents niveaux de perception de soi qui entrent dans l’image que l’on a de soi : la présence à soi, la conscience de soi et la confiance en soi.

 

La connaissance de soi proprement dite,

Elle permet de se définir au travers de qui on est, de ses valeurs et de ses points forts, d’identifier les talents qui nous caractérisent, et qui constituent notre singularité.
Les valeurs sont définies par l’identité, elles structurent la personne. Il appartient à chacun de mettre ses actions en cohérence avec ses valeurs. Quand une personne vit en accord avec ses valeurs, elle ressent de la satisfaction, de l’harmonie ou se sent en lien avec elle-même. Quand ses valeurs sont bafouées, elle se sent frustrée, en colère, impuissante.

La connaissance de soi permet également d’identifier son domaine d’excellence, celui qui nous distingue sur lequel on peut s’appuyer pour être performant. En effet, cette excellence dans l’action vient de notre identité profonde, de ce qui nous a construit. Ce sont ces aptitudes particulières liées à nos talents que nous avons développées sans même nous en rendre compte.

La réflexion ne se limite pas à la dimension professionnelle, elle intègre toutes les facettes de la personne, à la fois sociale, familiale, personnelle, elle tient compte également du corps au travers des comportements, des émotions… Toutes ces dimensions qui font de vous une personne unique.

 

Quelques notions complémentaires issues du modèle de W.Schultz

Je reprends ici des notions de « L’élément humain » de manière succincte car la façon dont W.Schultz définit ses concepts est assez dense… même sans rentrer dans le détail, elles donnent un éclairage complémentaire intéressant.

Dans son modèle, il pose les 3 dimensions fondamentales du fonctionnement humain que sont l’inclusion, le contrôle et l’ouverture. Elles sont au centre des relations interpersonnelles, et on les retrouve également au niveau de l’individu. Ces 3 dimensions se retrouvent dans la présence à soi, la confiance en soi et la conscience de soi qui sont les fondements de l’estime de soi.

 

>> La présence à soi est en lien avec l’inclusion, elle correspond à la façon de se comporter avec soi-même. C’est l’importance que la personne se donne à elle-même, la façon dont elle accueille ses émotions, ses pensées, ses sensations physiques, etc. La présence à soi permet de se sentir vivant, de se sentir important.

>> La confiance en soi est en lien avec le contrôle. Le contrôle sur soi-même correspond au pouvoir que l’on a sur soi-même, à la responsabilité et au choix. La confiance en soi correspond au sentiment de compétence. La confiance en soi, c’est se sentir capable, c’est croire en ses capacités.

>> La conscience de soi est en lien avec l’ouverture. Elle correspond à l’ouverture à soi-même, c’est-à-dire au degré de sincérité que l’on a par rapport à soi-même. La conscience de soi permet de se sentir aimable, de s’accepter tel que l’on est avec ses propres limites.

 

Vue au travers du prisme de ces 3 dimensions fondamentales, une bonne estime de soi permet de se sentir vivant, autodéterminé, conscient de soi, important, compétent et « aimable ».

 

Approfondir la connaissance de soi

Il existe différentes façons de travailler sur soi afin d’approfondir la connaissance de soi. Pour apprendre à bien se connaître, il me paraît illusoire de s’imaginer que cela va venir de résultats obtenus au travers d’un des nombreux tests existants. Cela passe par une réflexion, une prise de recul indispensable pour accroître l’attention à soi mais aussi aux autres qui nous en apprennent beaucoup sur nous-même.

La conscience de soi va ainsi s’illustrer au travers des expériences vécues, ce que j’en garde, la façon dont je les retranscris.

 

Voyons quelques axes de réflexions :

 

Utiliser des techniques corporelles et outils de découverte de soi
Je pense à des techniques corporelles, à la méditation, etc… qui peuvent aider.
Peut-être que ces méthodes vont vous convenir, vous avez déjà certainement votre idée, et puis, vous pouvez tenter l’expérience.
Personnellement, j’utilise l’Ennéagramme, c’est un outil de découverte de soi, qui aide à comprendre ses modes de fonctionnement inconscients et les motivations de ces comportements.

 

Ouvrir son attention et capter les signes de l’entourage
Il s’agit de savoir écouter ces courtes phrases qui reviennent régulièrement de la part de nos proches, de nos collègues, sans qu’on y attache trop d’importance. Ces petites phrases qui paraissent anodines mais qui en fait nous définissent très bien.

 

Se remémorer des instants privilégiés de son existence
En revisitant des moments de l’enfance, des réussites professionnelles, ou encore des moments de satisfaction personnelle, tous ces moments où l’on s’est senti aligné, parfaitement à sa place, il est possible de mettre à jour des traits qui nous caractérisent que l’on ne perçoit plus, des compétences particulières que l’on a mises de côté, des affinités pour un domaine, un contexte, etc…

 

Utiliser les images pour se définir
Là encore, l’exercice peut être très éclairant. Il consiste à choisir des images en se laissant guider par son intuition plutôt que par la raison, puis à chercher à expliquer ce qui a motivé ce choix. En procédant de la sorte, vous allez certainement prendre conscience d’éléments que vous ne perceviez pas auparavant.

 

Faire un travail sur ses valeurs et croyances
Les valeurs correspondent à nos critères qui permettent d’évaluer une situation. Elles se rapportent à la raison (pourquoi) pour laquelle tel chemin est pris et aux motivations plus profondes qui nous conduisent à agir. Les croyances sont ces certitudes ancrées en nous qui viennent de nos expériences ou transmises par notre culture, notre éducation, elles constituent essentiellement des jugements et évaluations à propos de nous, des autres et du monde autour de nous. Nos croyances à propos de nous-mêmes et de ce qui est possible dans le monde qui nous entoure affectent largement notre efficience quotidienne. Elles ont sur nos comportements un impact très puissant.
Les valeurs et croyances permettent de donner du sens dans chacune des situations que l’on rencontre.

Il s’agit de revenir sur ses propres valeurs, de les redéfinir et de voir comment elles se déclinent dans sa vie professionnelle pour retrouver sa motivation, et également de mettre à jour certaines croyances pour les faire évoluer et s’en libérer.

 

Les bénéfices sur l’estime de soi

Tout du long de ce travail, la réflexion va permettre d’améliorer sa perception de soi au travers des 3 dimensions fondamentales. Les moments privilégiés vont particulièrement renforcer la présence à soi et la confiance en soi. Les signes de l’entourage vont permettre de favoriser la conscience de soi.

L’estime de soi, ainsi renforcée, donne ensuite la possibilité d’être flexible pour adapter ses comportements à la situation, de se sentir pleinement responsable en modifiant ses perceptions selon la situation, capable de s’exprimer en s’appuyant sur ce qui fait sa force et sa singularité sans chercher à satisfaire à des compétences qui ne sont pas les siennes.

 

En résumé, les étapes :

>> Étape 1 : Approfondir la connaissance de soi permet d’avoir une image juste de soi.
>> Étape 2 : Evaluer comment je me sens par rapport à cette image donne une indication sur le niveau d’estime de soi.
>> Étape 3 : Accepter cette image en y trouvant de la valeur donne accès à une bonne estime de soi.
>> Étape 4 : Exploiter l’estime de soi permet d’agir de manière cohérente avec soi.

 

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Elisabeth Passilly,
Accompagnatrice du changement – Coaching professionnel et formation