Qui n’a pas connu dans son environnement professionnel des situations de tensions ?
Cela va du petit agacement avec un collègue qui a le chic pour nous prendre en défaut, nous titiller sur un point de détail, nous reprendre dans notre façon de faire… « mais à quoi bon, il est comme ça, on ne peut le changer !» direz-vous. Pour autant, la pression monte, le petit agacement peut dégénérer en conflit et engendrer un stress important, source de profond malaise si on ne fait rien…
L’approche de Palo Alto est utilisée pour débloquer des situations tendues ou désamorcer des situations conflictuelles entre individus ou équipes en entreprise.
Fondement de l’approche
L’approche de Palo Alto est issue du courant systémique. Elle intègre les 3 principes fondateurs que sont :
- L’homéostasie du système ou encore l’état d’équilibre du système : tout système tend à maintenir un état d’équilibre.
- L’équifinalité du système qui consiste à considérer que différentes causes peuvent aboutir à un état donné du système qui lui –même pourra avoir différentes évolutions possibles. Autrement dit, la description de la situation du système à un instant donné est suffisante pour décrire ce système.
- Le principe de totalité : Tout est plus que la somme des parties, ou en d’autres termes, il ne suffit pas de regarder les éléments du système pour résoudre le problème, il s’agit de prendre en compte les interactions entre ces éléments.
Pour l’approche de Palo Alto, c’est l’interaction entre les éléments du système qui crée la dynamique à l’origine du problème.
La spécificité de la démarche
Sa spécificité est de mettre l’accent sur la boucle interactionnelle qui se crée au sein du système. En effet, au travers de l’approche de Palo Alto, il s’agit de regarder les éléments du système dans un contexte donné et de se focaliser sur les interactions entre ces éléments (individus, équipes) car c’est dans ces interactions que se joue le problème.
Ex : Prenons par exemple, une situation professionnelle où 2 collaborateurs A et B n’arrivent plus à travailler ensemble.
Des tensions se créent entre A et B : A considère que B lui mets des bâtons dans les roues et B trouve que A n’en fait qu’à sa tête sans tenir compte de l’environnement. |
Sa mise en œuvre
Au travers de l’approche de Palo Alto, la démarche consiste à mettre en évidence les redondances qui se créent dans l’interaction entre les 2 personnes A et B (ou équipes) et qui alimentent le problème. On va s’intéresser à décoder l’enchaînement (action => décodage => réaction => renforcement) entre A et B qui constitue la boucle interactionnelle.
Pratiquement, cela consiste à partir de situations concrètes où apparait le problème à décrire précisément ces situations qui alimentent le problème afin d’en faire ressortir la caractéristique commune. C’est ce « dénominateur commun » qui correspond au thème des tentatives de solutions infructueuses.
Dans l’exemple, la boucle interactionnelle est la suivante :
On entre alors dans la logique interactionnelle : plus A fonce, plus B estime qu’il ne respecte rien et essaie de freiner A, et plus A s’agace et multiplie ses actions. |
C’est dans la mise en évidence de ce thème commun que réside toute la clé de la méthode.
Ensuite, il s’agira de prendre le contre-pied, de chercher à faire quelque chose de différent, de « faire la différence qui fera la différence ». En effet, un changement même minime d’un des protagonistes va permettre alors de sortir de la boucle interactionnelle.
On comprend bien qu’il n’y a pas une solution pour débloquer la situation mais différentes options à expérimenter pour faire évoluer progressivement la boucle interactionnelle.
Dans le cas de l’exemple, une possibilité pour B serait de laisser à A la responsabilité de ses actions. B pourrait lui signifier quelque chose comme : « J’ai bien compris que tu n’as que faire du règlement, Ok, vas-y ». Devant cette attitude, il y a fort à parier que A modifie également sa façon de faire. |
La simplicité de la démarche
Le principe est d’une grande simplicité, pour autant dans certaines situations délicates, l’interlocuteur pour qui le comportement de l’autre pose problème, croît souvent avoir tout essayé. Et pourtant, si le problème persiste, c’est qu’en fait, il rejoue toujours le même schéma.
Lorsque vous rencontrez une difficulté avec une personne, je vous invite à changer de perspective en testant cette démarche. Cela peut vous permettre de résoudre une difficulté avant que celle-ci ne se transforme en un réel problème. Lorsque le problème est bien ancré, il peut alors être nécessaire d‘avoir recours à un interlocuteur extérieur qui vous aidera à prendre le recul nécessaire pour débloquer la situation.
Elisabeth Passilly,
Coach dans le domaine professionnel, spécialisée dans le coaching individuel