Le mitan, cette période de la vie adulte qui se situe entre 45 et 55 ans +/- 5 ans, coïncide avec une large partie de la vie professionnelle et impacte notre rapport au travail. 

Cette période finalement très vaste est un sujet assez peu abordé, pourtant elle comporte des phases de transition tout aussi naturelles que l’enfance, l’adolescence, etc… et touche tous les domaines de vie. Elle tend à expliquer le questionnement qu’éprouve un grand nombre de personnes aux abords de la quarantaine ou plus tard vers 50 ans.

Dans ces phases de transition, il est fréquent de ressentir un sentiment d’insatisfaction, d’ennui, ou de perte d’intérêt, voire de perte de repères ; le sens, et plus particulièrement le sens de notre travail, revient nous questionner.

Pour expliquer cette période du mitan, on peut s’appuyer sur le processus d’individuation décrit par Carl Gustav Jung, le célèbre psychiatre du début du XXème siècle. Jung a consacré sa vie à l’étude de la psyché humaine définie comme l’ensemble des manifestations conscientes et inconscientes de l’activité mentale de l’individu. Il a ainsi approfondi le rapport entre le conscient et l’inconscient aussi bien individuel que collectif.

« Les éléments du monde intérieur nous influencent subjectivement de façon d’autant plus puissante qu’ils sont inconscients. » C.G.Jung

 

LE PROCESSUS D’INDIVIDUATION

Le processus d’individuation pourrait se définir comme la voie individuelle de réalisation personnelle.

C. G. Jung le formule de la manière suivante :

« La voie de l’individuation signifie : tendre à devenir un être réellement individuel et, dans la mesure où nous entendons par individualité, notre unicité dernière et irrévocable, il s’agit de la réalisation de son Soi »

 

Pour cela, Jung introduit 3 concepts-clé que sont la persona, l’ombre, l’anima/animus. Sans entrer dans une description détaillée de ces concepts, chose qui serait assez ambitieux de ma part tellement ces concepts sont complexes, je vous livre quelques grandes lignes :

 

La persona

Pour décrire ce concept, je vous propose deux formulations de Jung issue de la « Dialectique du Moi et de l’Inconscient », qui me paraissent assez explicites :

« La persona n’est qu’un masque, ..., un masque qui fait penser aux autres et à soi-même que l’être en question est individuel, alors qu’au fond il joue simplement un rôle à travers lequel ce sont des données et des impératifs de la psyché collective qui s’expriment. » C.G.Jung

 

Ou encore :

« La persona n’est qu’une formation de compromis entre l’individu et la société, en réponse à la question de savoir sous quel jour doit apparaître le premier au sein de la seconde. » C.G.Jung

 

Autrement dit, la persona n’est qu’une illusion de soi-même…

 

L’ombre

L’ombre regroupe tout ce que la personne refuse de reconnaître et d’admettre en elle.
Cela regroupe à la fois des tendances refoulées du fait de la conscience morale, des choix qu’elle a faits pour sa vie ou pour accéder à des circonstances de son existence, et les forces vitales les plus précieuses qui n’ont pas pu ou pas eu l’occasion d’émerger à la conscience.

 

L’animus/anima

C’est à mon sens le concept le plus difficile à appréhender. Dit simplement, c’est la part inconsciente et féminine de l’homme, ou la part inconsciente masculine de la femme. Mais à cela s’ajoutent des nuances plus subtiles que je n’approfondirai pas.
Le premier niveau d’intégration est d’entendre qu’une part féminine ou qu’une part masculine cohabite en soi selon que l’on soit un homme ou une femme.

 

Que ce soit l’ombre ou l’anima/animus, ce sont des faces cachées, inconscientes qui s’opposent à la persona que l’on montre.

 

Tout l’enjeu du processus d’individuation est de rendre consciente une part de notre inconscient afin d’accéder à la réalisation de soi. Ce travail vise à une meilleure connaissance de soi par la mise en lumière et l’intégration de tous ces opposés qui cohabitent en nous.

 

DE MANIÈRE PLUS CONCRÈTE,

Tout cela se retrouve de manière continue dans l’évolution personnelle de chacun. Toutefois on retrouve des périodes significatives :

 

Les premières années de la vie

Pendant les premières années de la vie, c’est la période de construction de « la persona » où l’on s’efforce de devenir ce que l’on croit devoir être pour exister. Cette persona, c’est ce que l’on montre de soi pour s’intégrer dans la société qui nous entoure. C’est l’image professionnelle que l’on se forge au fur et à mesure dans le monde professionnel. Cette image peut être proche de soi ou très éloignée de la personne que l’on est réellement. Le risque est de s’identifier à la persona en occultant toute une part de soi.

En parallèle, on élabore aussi ce qui deviendra sa part d’ombre, qui représente sa face cachée. On y retrouve tout ce que l’on a écarté de soi car cela ne paraissait pas acceptable ou juste inapproprié dans le contexte dans lequel on s’est construit. Pourtant, certaines choses font partie de notre ADN de la même façon que nos traits physiques, mais il n’était pas possible de les laisser paraître sans que cela soit valorisé dans la culture familiale de notre enfance. Cela peut être une sensibilité particulière, un don pour la créativité, une faculté de discernement… des facultés plus personnelles, moins mesurables, mais qui nous révèlent.
Cette ombre comporte à la fois des aspects négatifs, ce que l’on estime devoir réprimer, mais également des aspects positifs, des ressources que l’on occulte inconsciemment.

 

La période 40-45 ans

Dans la période 40-45 ans, l’insatisfaction ou le mal-être s’explique par le fait que la persona nous limite. Ce masque social auquel on s’identifiait jusqu’à présent se fissure. C’est le moment où notre ombre commence à émerger en même temps que la persona se fragmente.
Si on se sent un peu perdu, c’est en fait que l’on perd une illusion de soi. Il s’agit de faire le deuil de la persona, cette personne que l’on croyait être.

Attention, il ne s’agit pas d’un masque derrière lequel on se cache dès lors que l’on est dans un cadre professionnel ou dans un quelconque contexte qui implique des relations sociales, il s’agit plutôt d’un rôle auquel on s’identifie inconsciemment. Ce rôle qui nous convenait jusqu’à présent et qui maintenant nous enferme.

 

La période 50-55 ans

Dans cette période, le processus d’individuation se poursuit, la personne a pris progressivement conscience de ses multiples facettes et compose avec cette ombre qui fait partie de ce qu’elle est. Elle ne la réprime plus ; elle est plutôt dans l’acceptation d’une part d’elle-même qui montre sa vulnérabilité, consciente que celle-ci lui donne son humanité.

 

Voilà pour les grandes lignes qui peuvent éclairer certaines périodes de flottement que beaucoup de personnes sont amenées à traverser et qui impactent aussi bien la vie personnelle que professionnelle.

Pour autant, quand on traverse cette période du mitan, vers 40, 45 ou 50 ans, on n’en a souvent pas conscience. Ce que l’on vit ne saurait être résumé à un processus, cela paraît tellement réducteur… Bien sûr, chacun a sa propre version de la transition mais le processus d’individuation est tellement vrai que cela en est presque bluffant.

À n’en pas douter, Jung a bien cerné ce mal-être qui nous touche.

 

LES IMPACTS DANS LE DOMAINE PROFESSIONNEL

En coaching, même si la demande s’exprime de manière assez similaire sur la forme, je relève des demandes différentes selon que la personne est plutôt dans la tranche d’âge 40-45 ans ou 50-55 ans : à 45 ans, les personnes cherchent plus à affirmer leurs propres choix, à reprendre en main les rênes de leur vie, alors que, passés 50 ans, il s’agit plus d’un besoin de recul pour s’extraire de la spirale extrêmement prenante du quotidien et se recentrer pour retrouver son unité.

Contrairement aux transitions imposées, brutales, qui mènent à la rupture professionnelle, ces phases de transition sont plus subtiles, ce sont des périodes où l’on évolue, où les priorités changent comme le passage de certains caps (la quarantaine, la cinquantaine, le départ des enfants, etc.)
Ces périodes amènent couramment à reconsidérer sa vie à la fois professionnelle et personnelle. Bien souvent, la recherche de sens et en particulier de sens du travail revient questionner la personne ; elle se rend compte que ce qui la satisfaisait à une période de sa vie ne correspond finalement peut-être plus à grand-chose pour elle.

Pour traverser cette période de transition et retrouver l’équilibre qui nous convient, il s’agit de respecter certaines étapes bien identifiées par W. Bridges qui s’est penché sur le sujet. Je vous récapitule ces étapes dans le paragraphe suivant.

 

LES ÉTAPES DE LA TRANSITION

Toute période de transition passe par plusieurs étapes, car il s’agit de laisser derrière soi la situation vécue avec plus ou moins de satisfaction pour aller vers une nouvelle situation, désirée parfois, ou non, comme c’est généralement le cas lors d’une rupture professionnelle. Cette nouvelle situation va nécessiter un passage à l’action qui achèvera la transition.

 

Le renoncement

Ainsi, la transition commence par une fin. Cela peut paraître paradoxal, mais il s’agit de renoncer à ce qui n’est plus d’actualité. Dans le cas d’une rupture professionnelle, il s’agit de renoncer à certaines choses qui faisaient partie jusqu’à présent de son identité professionnelle et qui ne sont plus adaptées à la situation actuelle. Pour ce que j’appelle les transitions plus subtiles, cela est vrai aussi, même si cela est moins marqué, plus difficile à appréhender.

 

La désorientation

Ensuite, la personne entre dans une phase de désorientation ; elle ne comprend pas trop ce qui lui arrive et ne sait pas vers quoi se diriger. C’est souvent le moment d’un retour sur soi sans véritable objectif, une période qui peut paraître « creuse » mais qui est nécessaire pour aller vers la nouvelle situation.
C’est dans cette étape que la personne réalise sa transformation intérieure avant de pouvoir esquisser son changement extérieur. 
 

Le retour à l’essentiel

Après la désorientation, il s’agit alors de prendre de la hauteur pour revenir à ce qui est essentiel pour soi. Trouver le sens que l’on donne à sa vie permet de le concrétiser dans son projet de vie en définissant les domaines que l’on souhaite investir dans la période à venir.

 

Ces étapes ne sont pas toujours conscientes et encore moins linéaires, mais elles amèneront la personne vers sa nouvelle situation quand sera venu pour elle le moment de passer à l’action.

 

LE COACHING POUR ACCOMPAGNER LES TRANSITIONS

Comme vous l’avez compris, la transition impacte tous les domaines de vie. C’est pour cela que j’invite les personnes que je sens en perte de vitesse à ne pas limiter la réflexion à la seule dimension professionnelle. Plutôt que de penser projet professionnel, je leur propose d’élargir le champ pour penser projet de vie avant d’y intégrer le projet professionnel. Cette approche permet de donner plus de perspectives, d’ouvrir le champ de la réflexion au-delà de l’aspect purement professionnel pour mieux le repositionner ensuite.

 

40-45 ans, reprendre en main les rênes de sa vie

Dans un premier temps, il est important de faire le point sur tout ce qui a été réalisé pour prendre la mesure de ce qui a déjà été accompli et retrouver ce qui nous anime. Il s’agit de ne pas se limiter aux seules compétences mais bien d’aller au-delà.

Si vous sentez que cette période de transition vous concerne, il se peut alors que vous preniez conscience que, jusqu’à présent, vous avez plutôt fait des choix par opportunité ou pour être conforme à une image à laquelle vous vous identifiez mais qui ne vous correspond pas véritablement.

Vous éprouverez le besoin de vous affirmer pour ne plus réagir mais être le décideur de votre propre vie. C’est le moment de revenir à ce qui est essentiel pour vous pour ensuite définir la suite de votre parcours.

 

50-55 ans, se recentrer pour retrouver son unité

À 50-55 ans, on éprouve plus fortement le temps qui passe, cela réactive le besoin de donner du sens à son activité professionnelle tout en laissant de la place à sa vie personnelle.

Si vous sentez que cette période de transition vous concerne, il s’agit de mettre à profit cette période de flottement pour vous recentrer. C’est le moment de prendre du recul, d’aborder votre parcours sous un angle différent pour retrouver sa cohérence, et d’envisager votre avenir professionnel avec de nouvelles perspectives.

L’enjeu de la réflexion est bien de tenir compte des multiples facettes de la personne que vous êtes afin d’assurer votre unité, votre cohérence personnelle et professionnelle. Cela peut être également le moment pour vous d’exploiter des ressources que vous aviez jusqu’à présent occultées.

 

>> Le Coaching : un changement de perspective pour se retrouver soi

Avec le coaching, vous n’allez pas reprendre tout ce que vous savez déjà, il s’agit de changer d’angle d’approche pour vous permettre de redéfinir votre propre cap et d’identifier l’objectif qui vous permettra de vous réaliser professionnellement ou peut-être d’ajuster votre activité professionnelle pour laisser place à une part de vous-même dont vous n’aviez pas conscience jusqu’à présent et qui ne demande qu’à s’exprimer.

 

>> Vous êtes intéressé(e) par un coaching, le mieux, c’est d’en parler !

👉 Planifier votre Séance Découverte  

 

Elisabeth Passilly,
Accompagnatrice du changement – Coaching professionnel et formation